"Voies de femmes" : l'expo coup de cœur de Murielle Navarro.
Depuis le 24 décembre dernier, le Centre d’Art Contemporain d’Eysines ouvre la voie à quatre plasticiennes, dans une exposition visible jusqu’au 20 février 2022. Elles y donnent de la voix à travers des œuvres criantes de délicatesse où l’on y voit l’expression intime de leur sensibilité artistique. « Voies de femmes », tel est le chemin que trace cette exposition inédite qui rapproche le talent de quatre artistes, entre intériorité et extériorité, entre ombre et lumière, entre espace et temps, entre ciel et terre.
« Voyage en terre inconnue »
Anne Bournas interroge le monde à travers un voyage imaginaire avec ses tableaux paysages lunaires. Elle nous invite à l’accompagner dans son cheminement intérieur, en pénétrant la profondeur de ses peintures au relief géographique parfois chaotique, tout en touchant du doigt les bosses et les trouées de nos mythologies cosmiques. Comme la peau ou l’écorce de la Terre, ses toiles géologiques s’étalent en diverses superpositions tels des palimpsestes de son vécu fondu à l’Histoire de l’Humanité.
Voyage dans le temps
Le voyage intérieur se poursuit avec les portraits estivaux ou balnéaires de Martine Pinsolle aux réalités familiales expressives et colorées. L’artiste s’évade dans un monde teinté de vibrations, un monde au corps à corps irradié et irradiant. Le temps se fige sur l’instant fugitif d’un geste élégant, d’une posture raffinée, entre pose et pause. Selon la formule de Roland Barthes[1], « ça a été », les toiles de l’artiste dévoilent ainsi le côté éphémère de l’instant unique comme saisi par l’objectif photographique. L’artiste a peint avec beaucoup de sensualité l’éternité de ces moments magiques, en appréhendant les vagues du temps avec des corps opaques mais lumineux.
Voyage dans l’inconscient
Les Cartographies intimes d’Anna Mandart nous plongent dans les paysages de notre propre imaginaire, dans les méandres de notre énigmatique inconscient. L’arbre, symbole anthropomorphe dans le cosmos, symbole du cycle perpétuel de la vie, reste aussi le paradigme prégnant de la renaissance du règne végétal. A l’image de notre âme, l’arbre avec ses multiples ramifications abrite un esprit équilibriste naviguant entre les cieux et le monde sous-terrain, en transcendant ainsi le temps et l’espace.
Voyage à l’intérieur de l’extérieur
L’univers entoilé et étoilé de Nadia Touami fourmille de petits motifs inscrits à l’encre de chine dans une multitude de « nuances de gris ». Ce travail éminemment graphique réinvente un nouveau langage sensible et non figuratif. Ses peintures sur papier kraft semblent révéler la représentation d’un territoire urbain, mais aussi la fusion magique du lavis entre le végétal et le minéral. Le graphisme devenu écriture de peinture va se construire selon un mode onirique dans une totale liberté d’expression
[1] Roland Barthes, La chambre claire, Gallimard, 1980
Centre d'art contemporain d'Eysines, château Lescombes, 198 avenue du Taillan à Eysines
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