Le coup de coeur de Mamu : quand la vie ne tient qu'un à un fil (rouge)
Si vous allez à PARIS, ne manquez pas l’extraordinaire exposition de l’artiste japonaise Chiharu Shiota, qui nous immerge dans un monde fascinant de fils rouges ou noirs enchevêtrés. Au-delà de ces installations monumentales, on partage avec elle, les frémissements de son âme tourmentée.
Shiota sait nouer et dénouer les liens qui nous emprisonnent ou nous libèrent, dans une troublante expérience collective. Très imprégnée par l’univers cathartique des actionnistes viennois, mais aussi de la regrettée Ana Mendieta ou de Rebecca Horn, l’artiste a mis son corps meurtri à rude épreuve, en le plaçant au cœur même de son œuvre, lors de performances éprouvantes.
Le fil rouge conducteur de son travail nous dévoile aussi un corps absent, mais suggéré dans un réseau inextricable, dans un tourbillon poétique de spirales ou de lignes tendues. Elle a su aussi tisser le vide en plein, du dedans au dehors, de l’éminemment intime à l’unanimement universel, entre absence et présence dans sa toile arachnéenne.
Dire la fragilité de la vie reste un leitmotiv lorsqu’on découvre avec étonnement, l’impressionnante accumulation de valises reliées et suspendues chacune, à une cordelette rouge de taille différente. Semblant flotter dans le ciel, ces bagages parlent de nous et contiennent tous nos secrets quand certains fils coupés pendent seuls, en marquant certainement la disparition d’une vie.
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© Chiharu Shiota
Shiota semble faire référence à la mythologie, en évoquant dans cette installation, la symbolique des trois moires, ces divinités antiques qui décident de notre destin. Clotho tisse le fil de la vie lorsque Lachésis, en mesure la longueur. Mais c’est Atropos l’ainée, qui est chargée de couper le fil de la vie, en mettant ainsi un terme à l’existence des pauvres mortels que nous sommes.
Ainsi Shiota a envahi l’espace muséal, pour notre plus grand bonheur, en tressant un monde onirique, poétique et politique où s’entremêlent les couleurs rouge et noir, avec ce rouge en pulsions de vie, de sang et de colère, et d’amour (Eros), mais aussi avec ce noir en pulsions de mort (Thanatos). L’émotion reste palpable dans cette proximité physique et connectée de toute l’œuvre sensorielle de l’artiste, laissez-vous porter ….
C’est grandiose !!!
À ne pas rater c’est au Grand Palais de Paris jusqu’au 19 mars 2025
CHIHARU SHIOTA « the soul trembles »
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