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MAISON DES 5 SENS

Le coup de coeur de Mamu : la série "Ripley" en replay

14 Mai 2024, 09:52am

Publié par Maison des 5 Sens

Le coup de coeur de Mamu : la série "Ripley" en replay

La plateforme Netflix propose actuellement une mini-série haute en couleurs, adaptée du célèbre thriller de Patricia Highsmih, « monsieur Ripley, (1955) », dans une approche très différente du film « Plein soleil, (1960) », et du « talentueux monsieur Ripley, (1999) ». Certes, l’intrigue originelle reste la même, mais le réalisateur a privilégié le noir et blanc, pour le cadre de cette macabre histoire.

Ce clair-obscur si théâtral, et cher au Caravage, maître de la couleur, apporte une touche de mystère en plus, dans ce sombre récit ponctué d’une spirale de meurtres, et baigné dans l’ambiance dépouillée et surannée des années cinquante. Steven Zaillian a soigné l’esthétique élégante et harmonieuse de ces paysages italiens sublimes, entre ombre et lumière, comme pour montrer la dualité captivante de son personnage principal, cette figure du double dans l’identité, un peu à la manière de l’adage rimbaldien « je est un autre ». Ripley (Andrew Scott), illumine de sa présence cet imposteur ringard, cet escroc envieux et sans envergure, cet usurpateur sans scrupules qui a choisi de prendre la place d’un autre, en s’emparant sans état d’âme, de sa vie et de ses biens.

La peinture s’impose en toile de fond de cette tragique histoire, parce que Ripley voue une admiration sans bornes pour le ténébreux Caravage, alors que sa victime, le richissime Dickie, peintre à ses heures, s’est entiché également des œuvres de Picasso dont il essaye en vain de s’inspirer dans de pâles imitations.

L’artiste milanais en bad boy notoire, s’invite à plusieurs reprises sous forme de flash-back dans ce polar haletant, à travers certaines toiles violentes qui dé-peignent la noirceur de l’âme. Steven Zaillian a choisi de mettre en parallèle la fuite de ces deux assassins à travers l’Italie, et c’est la peinture qui tresse ce lien par son liant entre les deux personnages. Le réalisateur a voulu également mettre en lumière l’homosexualité ou la bisexualité suggérée des deux protagonistes, en portant un regard éclairé sur les œuvres ambiguës et fortement érotisées du Caravage.

Au bout du compte, Ripley cet arnaqueur à la petite semaine, a du mal à revêtir le costume trop large de son « richissime ami ». Hanté par les meurtres qu’il a commis, et embarqué dans des situations de plus en plus inextricables, celui-ci finit par ne plus savoir qui il est vraiment. Séduisante et dérangeante, entre attraction et répulsion, cette série ne laissera personne indifférent

Murielle Navarro

 

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