Xavier Aubinaud expose à la Maison des Cinq Sens : une grande leçon de vie
XAVIER AUBINAUD a eu ce qu’il est communément appelé un accident de vie. Un de ceux qui vous fauchent en pleine activité de décideur et vous laissent sur le carreau. Après un parcours médical et chirurgical qui l’ont trouvé au bord du gouffre de la nuit, privé de mouvement et de la parole, grâce à sa persévérance et à sa volonté, ainsi qu’au soutien familial, il a émergé d’un monde de paralysie où il a reconquis son quotidien pas à pas ; lui qui ne devait plus jamais remarcher.
Il a dû développer l’usage de son bras et de sa main gauches qui, de gauches sont devenus très habiles pour maîtriser le dessin en noir et blanc, à la mine sèche. Quel chemin parcouru pour s’approprier ce nouveau mode d’expression, question de survie, où, dans une évolution semblable à celle que connaît l’enfant naturellement, il est passé lui par la volonté, des grands traits, balayages à des traits plus fins, dans un espace réduit, allant jusqu’au pointillisme, à la maîtrise des ombres et lumières par le biais de la réserve ou de l’estompe.
Travaillant en musique et dans le calme bienfaisant de son atelier devenu son univers quotidien et son havre de paix, il réalise à la loupe et pendant des heures des dessins qui ressemblent à des illustrations anciennes ; des illustrations qui font penser tour à tour à des photos anciennes retravaillées, mais il n’en est rien ou bien à l’art de Gustave Doré admiré dans les livres de contes de mes grands-parents.
Il est en butte à l’aphasie, lui qui a gardé des réflexes de communicant, mais grâce à la reconquête de mots, grâce à la grande expressivité de ses yeux, mimiques, ses gestes, il sait communiquer sa passion, sa joie de Vivre, se fait comprendre et fait preuve d’une grande vivacité d’esprit et de beaucoup d’empathie avec le visiteur. Et puis il y a ce sourire qui l’illumine et nous illumine. Et puis l’émotion nous gagne, lorsque dans son mot-valise « maman » il sollicite l’aide de sa maman, la met au premier plan avec toute l’humanité et la reconnaissance d’un douloureux parcours intimement lié de mère et fils ; ce fils revenu dans le giron protecteur et propice aux progrès de sa mère par nécessité et amour.
Au sein de l’association Martignas Accueil, où il trouve amitié, entraide, présence, relais de socialisation,, motivation à poursuivre son objectif et son patient travail de cœur, il peaufine son expression petit. Il a depuis quelques années, suffisamment de créations pour alimenter des expositions comme au Bouscat, à Martignas , au Prieuré de Cayac…et ici, à la Maison des Cinq Sens où on peut voir ses œuvres jusqu’au 17 novembre.
N’hésitez pas, poussez la porte.
Maïté L
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