Lionel Le Calvez citoyen du monde s'arrête à la Maison des Cinq Sens
J’avais par le passé rencontré un drôle de petit bonhomme au fil ténu, épuré, mais résolu, sorti tout droit du monde d’une illustratrice plasticienne nommée Elzbieta : c’était le Troun. Venu de la mer, il partait sur son vélo à la découverte du monde, déroulant des traits de paysages, nouant et dénouant des lignes, cherchant la musique du monde.
Lorsque je me suis arrêtée devant la vitrine de la Maison des Cinq Sens, le même personnage sur le fil de l’histoire m’a fait signe depuis sa boîte-objet. Ni une, ni deux, il restait une petite place sur son vélo ; grâce à lui, j’ai déboulé dans le monde de Lionel Le Calvez, emportée par les vagues à la Hokusaï. Pardonnez-moi, monsieur Le Calvez, je n’ai pu résister à l’attrait de la vague :
Ses pointes, ses creux
S’enivrent
S’enchaînent
Ecrivent
Point par point
rectangles
VVVVVVVVVVVVV
la vague
Un point c’est Tout.
Il me fallait donc un guide pour suivre ces lignes de mire,
Aller de la côte à l’arrière-pays, où s’écrit l’amour du pays,
Rouler sur la ligne des horizons comme on roule sur ses lignes de vie,
Battre le pouls du monochrome, calme blancheur immaculée,
Prendre la mesure des rapports inversés du ciel et de la marée, et m’y noyer,
Suivre le frémissement zébré des reflets,
Nommer les barques pansues et leurs mâts.
Point à la ligne.
Y a-t-il un pilote de lignes ?
Quelqu’un qui anime les personnages filiformes sous la plume du vent ?
A l’eau la BD et leurs pantalons bouffants !
Quelques échasses d’oiseaux au pompon rouge ou des carrelets dans les feuillages-grelots,
et nos cabanes en tenue de rêve rayé, zèbres colorés, filets aimantés par l’eau qui caresse leurs pieds.
Pas le moindre grain de sable dans votre écriture, ni dans vos couleurs. Monsieur Le Calvez j’ai chaussé mes semelles de vent, tendu l’oreille pour que vienne jusqu’à moi cette douce musique qui s’écoule de votre regard souvent apaisé, parfois malicieux ; j’ai glissé sur la ligne, tout était calme autour de moi.
http://www.lionellecalvez.com/
Et j’ai repensé aux mots de Jean Cocteau :
« Écrire pour moi c’est dessiner, nouer des lignes de telle sorte qu’elles se fassent écriture ou les dénouer de telle sorte que l’écriture devienne dessin."
Un point c’est Tout. La ligne, c’est tout un art.
Maïté L
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