Histoires d'oiseaux:Un été dans la vie de Coco le merle noir-2-
Un été dans la vie de Coco.
Bonjour ! Je suis un merle noir, familier des espaces verts et des jardins comme beaucoup de mes congénères. Cette année-là j’avais passé l’hiver dans le parc d’une résidence de la banlieue bordelaise. Les humains que j’avais adoptés, m’avaient baptisé « Coco ». Comme vous voyez, ils ne brillaient pas par leur originalité, mais vous vous apercevrez qu’ils avaient d’autres qualités… Ces qualités : curiosité, patience et générosité allaient favoriser notre rapprochement. Je dois dire que le terrain était plutôt favorable : la porte de leur cuisine située au rez–de-chaussée de l’immeuble ouvrait sur un balcon, donnant lui-même sur un thuya d’occident, haute et épaisse sapinette de forme pyramidale, qui me semblait tout à fait adaptée pour accueillir un futur nid…
J’avais bien remarqué qu’un chat faisait partie de la famille, et qui dit « chat » dit « danger » pour moi, mais c’était un bon gros rouquin, pas chasseur pour un sou. Qui dit « chat » dit aussi « croquettes » et comme ELLE avait l’habitude de jeter sur la pelouse les restes du chat, soi-disant pour les hérissons, j’avais aussitôt compris tout le bénéfice que je pouvais en tirer.
Petit à petit je pris l’habitude de venir picorer les croquettes. Quand ELLE s’en aperçut, cela devint un jeu. Ma vue est très performante et quand ELLE apparaissait sur le balcon, je volais vers la sapinette et venait me percher à mi-hauteur, attendant manifestement la nourriture. Plus tard, elle prit l’habitude de m’appeler et de siffler… Vue, plus, ouïe, je ne risquais pas de manquer un repas, et, ce printemps-là fût un vrai régal pour moi !
Au mois de mars, je persuadais ma merlette de m’accompagner. Je lui vantais les avantages du thuya d’occident: hauteur de l’arbre, branchage serré, feuillage touffu et elle accepta de bâtir notre nid, à condition que je lui apporte les matériaux, bien à l’abri, tout en haut de l’arbre...
Au mois d’avril, la technique de nourrissage avait évolué. Au lieu de jeter les croquettes sur la pelouse où je devais les disputer aux pigeons, ELLE avait pris l’habitude de les disposer sur la rambarde du balcon où, après quelques hésitations qui ne durèrent guère, je venais festoyer en toute quiétude. C’est aussi à ce moment-là que je découvris un autre délice de la nourriture pour chat : les tendres bouchées, un peu collantes au bec, mais savoureuses à souhait…
Quelquefois, je devançais mes humains et me posais sur la rambarde, babillant à qui mieux-mieux pour faire activer le service. A ce jeu, Merlette se montrait aussi hardie que moi.
Ce fut bien pratique pour nourrir nos oisillons en nous relayant en un véritable pont aérien entre le balcon et le nid, quelques étages plus haut…
Au début du mois de mai, ce fut avec des cris de surprise et de ravissement que mes humains aperçurent nos trois juvéniles que j’avais réussi à entraîner dans les branches basses. Bec ouvert, ailes frémissantes, ils réclamaient la becquée, que leur mère et moi leur fournissions généreusement, après nous être approvisionné sur le balcon.
Nous avons ainsi élevé trois couvées pendant cet été-là. Et je ne vous parlerai pas de la complaisance que ma famille et moi avons montrée, en nous laissant mitrailler par nos humains transformés en photographes animaliers. Un jour même, je fus surpris par l’objectif, alors que j’étais entré dans la cuisine pour me servir directement dans la gamelle du chat !
Il reste de cette aventure de nombreuses photos, certaines très floues, car la rapidité de nos mouvements déconcerte et surprend les photographes amateurs, mais surtout quelques clichés mémorables, souvenirs d’un été inoubliable…
crédit photos et texte: Jacqueline Janin
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