Chronique des oiseaux: le merle, mosaïque d'instants-7-
Le merle
une histoire de bains ; entre bains d’eau, de terre sous le buis et de soleil sur le mur
Très facétieux, Il adore se cacher dans l’herbe et lorsque nous passons près de lui, il fait mine de s’enfuir, sautille, et quelques minutes après, prend son envol en nous rasant. Plus tard, la merlette adoptera la même attitude.
Le merle est devenu de plus en plus familier. Il a l’œil coquin. A la belle saison, il prend son bain, matin et soir, généreusement, dans le récipient prévu à cet effet, puis boit. L’hiver, il prend son bain aux alentours de midi.
Je garde un souvenir ému du jour de janvier où LE merle m’a conviée à son bain. J’ai pu m’approcher progressivement et s’il me surveillait du coin de l’œil, il n’a changé en rien son programme d’ablutions : au contraire ! Je crois qu’il en a rajouté : de face, de profil, tête en bas, ailes déployées, dans une grande profusion de gouttelettes : j’étais comblée.
A un autre moment, j ai été conviée à son repas de la même manière, au pied du prunus. Au fil des mois, le merle s’enhardit et vient sous la véranda, se pose sur la table pour picorer des graines en avertissant de son arrivée et en faisant le beau. Le merle est devenu cabotin. C’était juste avant de trouver merlette, car ensuite il mettra un peu de distance entre nous, mais restera très visible tout de même.
En ce moment, le soir lorsque j’arrose mon jardin, il flûte, siffle, perché sur un épi defaîtage ou une antenne de télévision et semble se déplacer lorsque je fais mine de me cacher : dommage, je n’ai jamais su moduler mes sifflements : je ne dispose que de quelques notes !
Il y a quelques années, il s’était perché à mon arrivée sur le bord du toit et visiblement me parlait. Mais n’ayant pas été initiée totalement au langage merle, je ne comprenais pas. J’avais eu le temps d’aller chercher mon appareil photo ; il ne bougeait pas d’un pouce et s’exprimait avec insistance, dessinant un grand point d’interrogation dans ma tête. L’Homme de la maison a compris, le soir, quand il a trouvé un petit merle apeuré réfugié derrière un fauteuil, dans la salle à manger. Le destin de l’oisillon fut cruel car si nous avons essayé de le sauver, un chat du voisinage en fit vraisemblablement son affaire. Difficile d’imaginer que ses parents aient pu le récupérer.
*** Texte et photos Maïté Ladrat***
à suivre
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