En noir et blanc…

L’exposition « Studio Volta » à la Vieille Eglise de Mérignac, revient cet automne sur la carrière photographique de l’artiste burkinabé Sanlé Sory, à l’aube de l’indépendance de son pays.  Le photographe africain va immortaliser sur sa pellicule pendant deux décennies, des milliers de portraits étonnants dans les frémissements d’une nouvelle société, en laissant vibrer les pulsations existentielles de toute une époque transitoire. Les cultures africaine et occidentale s’entremêlent naturellement dans ces clichés hybrides aux rythmes afro-cubains, pop, soul et rock ; Sanlé Sory saisit sur l’instant, la jeunesse exubérante des années soixante et soixante dix, dans ses mouvements quotidiens et dans son appétence vorace pour les « nuits yéyé » de Bobo. L’artiste devient alors le témoin privilégié d’une Histoire en pleine mutation, qui s’affranchit avec bonheur dans des activités sportives ou lors de surprises-parties ; le photographe explore ainsi les liens intemporels de sa culture traditionnelle, tissés également avec les traits d’ « idoles » bien actuelles. Celui-ci révèle le désir de toute une jeunesse insouciante qui souhaite « s’éclater », entre tradition et modernité. Le studio du photographe s’illumine de décors désuets et parfois improbables. Le charme ténu de ses « images souvenirs » libère chez le spectateur une émotion bien palpable et sobrement attendrissante. Les portraits de ses modèles féminins et masculins nous dévoilent l’originalité, le faste et l’élégance d’une culture métissée. Les cadrages intimes et bienveillants de Sanlé Sory mettent en exergue les acteurs énergiques d’une force voltaïque éprise de liberté. Leurs vêtements hétéroclites mais soignés, leurs poses affirmées et même leurs accessoires ordinaires de consommation courante témoignent de la richesse de leur culture multiple.

Venez découvrir leurs portraits insolites « en noir et blanc »     

Murielle Navarro